Nuit 1
Je rouvre les yeux. Le soleil n'est pas encore levé. Il doit être 4 heures, peut-être plus. Mes yeux me piquent, je regarde tout autour. Les autres sont encore allongés par terre ou assis contre la pierre froide. J'ai faim mais mon ventre est comprimé. J'ai encore le gout du sang dans la bouche. Et du métal du barillet. Mon esprit commence à se remémorer les événement de la veille. Les cris, les pleurs, les explosions... Qui est encore en vie ? Combien de cadavres jonchent les terres ?
Mes poignets me brûlent, les liens qui m'enserre ayant frotté pendant plusieurs heures... Mais je me fiche d'être détâché. Je reste à regarder les autres, essayant de penser à autre choses, mais rien à faire, le revis les mêmes scènes encore et encore. J'aimerais juste aller passer mon visage dans l'eau, j'ai l'impression de porter un masque de saleté et de sang séché. Je me mord la lèvre, la peau gercée se mettant un peu à saigner.
Soudain, je regarde à gauche et sursaute. Samuel me regarde, semblant me surveiller. Je soutiens son regard adamant, brillant et serein. Malgré son état, il reste d'une beauté virile et inébranlable, mais c'est surtout son attitude brave et droite qui inspire la confiance et l'espoir. Je dois avoir l'air pitoyable à côté, recroquevillé sur moi-même. Je ne veux pas qu'il me regarde.
"Tu es faible. Tout le monde est faible."